Planète Mars : premières surprises géologiques pour le rover Perseverance dans le cratère Jezero

Extrait du Communiqué de presse CNRS/CNES paru le 25 août 2022

Quatre publications parues le 25 août 2022 dans Science et Science Advances décrivent les découvertes géologiques faites par Perseverance dans le fond du cratère Jézéro.

L’instrument franco-américain Supercam a largement contribué à ces découvertes par l’imagerie de la texture des roches grâce à sa caméra à très haute résolution, et par l’analyse de leur chimie et de leur minéralogie grâce à ses spectromètres LIBS, Raman et infrarouge. SuperCam a réalisé plus de 1400 analyses le long d’une traverse de plusieurs kilomètres. Au passage, SuperCam a réalisé une prouesse technologique en acquérant les premiers spectres Raman et infrarouge à la surface de Mars.

Le 21 février 2021, le rover Perseverance de la NASA atterrissait sur Mars dans le cratère Jezero. En octobre, le rover confirmait l’intérêt de son site d’atterrissage : le cratère Jezero abritait bien un lac il y a 3,6 milliards d’années. Mais cette fois, les scientifiques ont été surpris par les premières analyses du fond du cratère Jezero : ils n’ont pas observé les roches sédimentaires formées par l’accumulation de sable et de boue qu’ils s’attendaient à trouver dans un ancien environnement aquatique, mais ont identifié à la place des roches magmatiques dérivant de processus volcaniques profonds ou de surface. Certaines de ces roches se sont formées par l’accumulation de grains millimétriques d’olivine (texture dite de « cumulat »), comme on en trouve dans certaines météorites martiennes. La présence de ces roches grenues à la surface de Mars est étonnante. En effet, sur Terre, de telles roches se forment en profondeur dans des chambres magmatiques par refroidissement lent du magma, puis sont exhumées à la surface par l’érosion et la tectonique des plaques. Au-dessus de cette unité, des roches de composition basaltique ont été identifiées, probablement mises en place par des coulées de lave plus tardives. Par ailleurs, l’observation de minéraux secondaires (sulfates, carbonates, perchlorates) témoigne d’une altération en présence d’eau de toutes ces roches. Ainsi de l’eau liquide a bien circulé après leur formation : soit durant l’épisode lacustre qui a permis la formation du delta, soit à l’occasion d’écoulements aqueux postérieurs.
Á ce jour, 12 échantillons de roches ont été récoltés pour être rapportés sur Terre en 2033. Ces quatre publications démontrent que les premiers échantillons ont un fort potentiel scientifique pour des problématiques géologiques (magmatisme, champ magnétique passé, géochronologie, etc.), géochimiques (cycle de l’eau et du carbone) mais aussi exobiologiques, car ce type de roches altérées est connu pour constituer une niche pour la Vie sur Terre et pour en préserver des traces fossiles sous forme de biosignatures.

> Communiqué de presse CNRS/CNES paru le 25 août 2022

Publié le 31 août 2022