ANR Permolards : Les molards, marqueurs de l’évolution de la dégradation du pergélisol de montagne
Des pentes gelées de manière pérenne sont présentes sur de nombreuses chaines de montagnes à travers le monde. Les changements de température dans ces environnements ont donc un impact considérable sur l’état du pergélisol, provoquant une augmentation des instabilités de pente et des risques occasionnés par les mouvements de masse. De ce fait, il est primordial d’identifier les zones de pergélisol discontinu susceptibles d’être affectées par les phénomènes liés à la dégradation du pergélisol.
Ce projet a pour but d’étudier les morphologies appelées « molards », qui sont des formes de paysages peu étudiées, sont des cônes de débris meubles résultant de la fonte de blocs riches en glace et en sédiment et mobilisés par des glissements de terrain sur un pergélisol. Les molards constituent un très bon indicateur d’une dégradation du pergélisol récente ou actuelle. Leurs caractéristiques spatiales et géomorphologiques révèlent la dynamique des grands mouvements de masse.
Le projet PERMOLARDS vise à utiliser les molards comme outil géomorphologique pour comprendre le changement climatique et les risques naturels. Afin de comprendre la formation, l’évolution, la morphologie, la longévité et le contexte environnemental des molards, ce projet utilisera une approche multidisciplinaire comportant : des études de terrain, de la datation, des simulations en laboratoire et des simulations numériques, de la modélisation et l’analyse de données de télédétection.
Nous explorerons trois études de cas uniques au Groenland, au Canada et en Islande, où nous avons identifié avec certitude des molards qui se sont formés dans des conditions climatiques allant de l’Holocène à nos jours dans divers contextes géographiques. En particulier, nous contraindrons la dégradation morphologique des molards dans l’espace et le temps en utilisant une approche morphologique et des techniques de datation par luminescence.
Nous définirons la gamme possible de propriétés des matériaux et de configurations de la glace pour lesquelles les molards peuvent se former par des études sur le terrain, et par la simulation expérimentale à l’aide de modèles physiques dimensionnés dans une chambre froide de laboratoire.
Nous définirons ensuite les critères de base pour identifier les molards à partir de la télédétection et sur le terrain. Nous quantifierons également le lien entre la dynamique des glissements de terrain et la distribution spatiale finale des molards en retraçant leur parcours de la source au dépôt par des modèles numériques 3D.
Nous évaluerons le rôle potentiel des fluides de dégel dans la modification du comportement des glissements de terrain et leur impact sur les risques.
Nous surveillerons et modéliserons l’état du pergélisol sur le site de terrain du Groenland afin de déterminer l’état de dégradation du pergélisol représenté par les molards dans les nouveaux et les récents glissements de terrain.
Enfin, nous établirons l’utilisation des molards comme outil géomorphologique pour suivre la dégradation du pergélisol dans le temps et dans différents contextes géologiques et géographiques dans le monde. En développant ces actions, ce projet nous permettra de comprendre comment la dégradation du pergélisol se produit dans l’espace et dans le temps, et d’évaluer les risques liés aux glissements de terrain en milieu froid.
Ce projet de recherche collaboratif est coordonné par Susan Conway, chargée de Recherche CNRS.