ERC « Starting » : une scientifique nantaise décrypte la formation des méga-canyons de Mars

Communiqué de presse International publié le 5 septembre 2024

  • Le Conseil européen de la recherche est un organe de l’Union européenne chargé de coordonner les efforts de la recherche entre les États membres de l’UE.
  • Le Conseil européen de la recherche est également la première agence de financement pan-européenne pour une « recherche à la frontière de la connaissance », notamment via l’attribution de bourses de recherche d’excellence.
  • L’une de ces bourses, dites « starting », soutient des projets de recherche exploratoire sur une durée maximale de 5 ans et avec un budget de 1.5 million d’euros. Elle s’adresse à des scientifiques ayant obtenu leur doctorat il y a 2 à 7 ans.

 

Le Conseil européen de la recherche (ERC) a annoncé jeudi 5 septembre 2024 les résultats de l’appel « ERC Starting Grant 2024 » qui financera cette année 494 chercheuses et chercheurs confirmés et reconnus dans leur domaine, tant au niveau national qu’international, pour un montant total de 780 millions d’euros tirés du programme cadre Horizon Europe. Anna Grau Galofré, chercheuse CNRS au Laboratoire de Planétologie et Géosciences est lauréate de l’une de ces bourses afin de travailler sur la formation des méga-canyons de Mars.
L’objectif : comprendre comment cette planète est passée d’un climat habitable à des conditions froides, désertiques et inhospitalières. 

Mars, planète froide et désolée, a abrité de l’eau, il y a plus de 3 milliards d’années, qui coulait dans des milliers de vallées, s’accumulant dans des lacs à l’intérieur des cratères, gelant dans des nappes glaciaires et formant peut-être des océans. Le climat martien s’est effondré avec la perte continue de l’atmosphère de la planète il y a environ 3,5 à 3 milliards d’années, déstabilisant son système hydraulique. C’est de cette époque que date la formation des méga-canyons qui comptent parmi les plus grands reliefs érosifs du système solaire. Le plus grand d’entre eux, Kasei Valles, est si vaste que les volumes d’eau impliqués dans sa formation représentaient une fraction importante de l’inventaire total en eau de Mars, son écoulement aurait pu remplir un océan sur les basses terres martiennes. Selon le point de vue actuel, Kasei Valles a été formé par un flot gigantesque provenant de la libération catastrophique d’un aquifère, en se basant sur des comparaisons analogues terrestres.

Avec son projet ICEFLOODS, financé par le Conseil européen de la recherche, Anna Grau Galofré, chercheuse du CNRS, vise à remettre en question ce point de vue, en étudiant l’hypothèse selon laquelle Kasei Valles a été formé par un courant glaciaire rapide, canalisé au sein d’une calotte glaciaire, en s’appuyant sur de nouvelles simulations de dynamique des fluides, sur des analyses de terrains terrestres analogues, sur la cartographie géologique et sur la modélisation du climat.

Kasei Valles, le plus grand canyon de Mars est un exemple de canaux d’écoulement. Ce projet étudiera l’origine des méga-canyons martiens tels que celui-ci, en vérifiant si la glace, l’eau ou la lave sont les agents responsables de l’érosion des canyons © Anna Grau Galofré avec des données d’images de HRSC/ MOLA et mosaic CTX (NASA/ MGS & MRO, ESA/ HRSC, USGS, MSSS).

Anna Grau Galofré enquête sur la formation des paysages martiens depuis sa thèse sur les réseaux de vallées martiennes, menée à l’Université de Colombie Britannique au Canada. Elle a étudié le rôle de la faible gravité martienne sur l’érosion glaciaire à l’université d’Arizona (Etats-Unis) et les empreintes des glaciations passées sur Terre et sur Mars à son arrivée au CNRS, à Nantes. Si son hypothèse de « l’inondation glaciaire » s’avère exacte, elle modifierait radicalement notre compréhension de l’effondrement climatique de Mars et de la nature de son cycle hydrologique.

Anna Grau Galofré, chercheuse du CNRS au LPG (CNRS/Nantes Université/Université d’Angers).

Publié le 5 septembre 2024